CAHEN, THERESE

Acte de naissance de Thérèse Cahen.
Source : Archives de Paris (V4E 10028, vue 11/29)

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Antoinette KONT, née Dreyfus, 1895-1983, fondatrice de la bibliothèque jeunesse de Versailles, cousine germaine de Thèrèse Cahen, raconte dans ses mémoires :

  « LES EUGÈNE CAHEN – Tante Anna n’allait jamais à St James en été, elle avait au 46 rue Cortambert une maison avec un jardin et son mari professeur de maths au Collège Rollin pouvait prendre de longues vacances. C’était un ménage plein de fantaisie et assez dans la lune. Tante n’aimait pas se compliquer l’existence et ses cinq enfants étaient immuablement vêtus de costumes marins, culottes ou jupes plissées et vareuses à grand col se terminant par une cravate noire. Les vêtements passaient de l’un à l’autre. Je m’amusais royalement chez elle. Nous faisions dans le jardin, sur un bateau fait de vieilles caisses, des voyages au long cours, débarquions dans des iles désertes après beaucoup de péripéties. Thérèse avait beaucoup d’imagination, comme toute petite fille. Elle se déplaçait continuellement avec 500 moutons qu’il fallait laisser passer dans les portes, etc… Elle s’absorbait dans ses jeux de rêve et n’aimait guère se déranger pour dire bonjour. Maman lui ayant demandé un jour si son « tutu » était collé par terre, elle répondit flegmatiquement « non », après avoir mis sa main sous son derrière. Ses soeurs ayant la scarlatine, Thérèse vint habiter chez nous pendant 40 jours, elle avait 9 ans et moi 11. Nous avions traduit « The lily Maid of Astolat », chapitre de « King Arthur’s Knights », un très joli livre anglais pour enfants. Nous espérions que notre traduction serait acceptée par « Mon Journal », journal auquel nous étions abonnées. Espoir déçu. C’est à cette époque que Thérèse me donna des leçons de piano, ce fut mon seul bon professeur. Elle prenait des leçons avec Marguerite Long, se présenta au conservatoire et fut reçue comme auditrice, elle ne se représenta pas, s’étant rendu compte qu’il lui faudrait quitter son cher Lycée Molière. Ado et Jacques l’appelaient, on ne sait pourquoi, « Boufinette Laristelochinette », peut-être parce qu’il y avait un aristoloche dans son jardin. Thérèse et moi avons toujours été amies. Elle n’aimait pas coudre et pendant des années elle « travaillait » le dimanche à la même bavette, si bien que je l’avais retenue pour mon premier bébé, pourtant cette bavette a été terminée avant la naissance de Gilberte ; je l’ai trouvée dans un charmant paquet, déposée chez notre concierge, dès l’annonce de mes fiançailles ! Thérèse après mon mariage fut l’amie de toute la famille Kont. Le « Thérèse Tay », le mercredi était un jour faste. Thérèse donnait des leçons de piano chez nous à des Versaillais et restait diner avec nous. Pendant la guerre de 39 elle a été l’âme d’un petit groupe d’enfants juifs dont les parents avaient été déportés, elle vivait avec eux à Paris, et il semblait que ce petit groupe était toléré par les allemands. Tout à fait à la fin de l’Occupation elle et les enfants ont été déportés et gazés. La résistance devait arrêter le train, mais la Croix Rouge Suédoise ayant affirmé qu’elle pouvait prendre les enfants en charge et les conduire en Suède, la Résistance a laissé passer le train. »

 Source : Geneanet

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Thérèse et les petites filles raflées le samedi 22 juillet 1944 sont emmenées au camp de Drancy 

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A l’arrivée à Auschwitz, Thérèse Cahen refuse de ses séparer des enfants

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Enfants du centre de Saint-Mandé en 1944
Source : Les maisons d’enfants de l’UGIF : le centre de Saint-Mandé de Jean Laloum dans Le Monde Juif 1995/3 (N° 155), pages 58 à 109