CAHEN-SALVADOR, JEAN

Ecouter Jean Cahen-Salvador parler de son évasion dans Les Evadés de Drancy, film-documentaire de Nicolas Lévy-Beff (2017)

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Friedrich Köhnlein, le sergent-chef de la Schupo (la « Schutzpolizei » – littéralement police de protection – un corps de police régulière), responsable de l’escorte du convoi 62, relate les circonstances de l’évasion dans son rapport au SS-Hauptsturmführer Dr Heinz Röthke qui en juillet prend en charge l’annexe parisienne du Département IV B4 (« affaires juives et évacuation ») du RSHA jusqu’alors dirigé par Theodor Dannecker :

« Le convoi est parti à 12h10 (…) et s’est arrêté à 20h30 avant Lérouville (Meuse). Lors du contrôle des wagons, il fut constaté que les entretoises des lucarnes d’aération du wagon N°6 avaient été arrachées. Le contrôle révéla que le responsable du wagon avait pris la fuite avec 18 hommes. Les 19 hommes se sont évadés à la forte côte devant Lérouville, où le train doit rouler au pas, bien que des coups de semonce répétés aient été donnés à partir de la dernière voiture d’escorte. Par suite de l’obscurité et du fort brouillard qui y régnait, l’évasion n’a pu être remarquée pendant le voyage. J’ai aussitôt fait enlever leurs chaussures à tous les détenus hommes à l’exception des malades et des vieillards. Elles furent rangées dans une voiture vide et ne furent restituées qu’à Auschwitz. De cette façon, le voyage se passa sans autres incidents. »

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Roger Schandalow, un des évadés, relate le déroulement de l’évasion de la façon suivante :

« Dans le wagon, nous nous arrangeons pour être ensemble. Il faut sauter avant Metz, car après, c’est la zone allemande. J’ai fait mon service militaire là-bas, et je savais qu’il fallait agir lorsque le train ralentit, dans la côte de Lérouville, près de Bar-le-Duc [cette fameuse « rampe » commence 14 km après Bar-le-Duc, sur 10 km, et se termine 6 km avant Lérouville]. Parmi nos camarades, se trouvaient deux anciens rugbymen, des forces de la nature [Georges et Roger Gerschel]. Ils arrachent les barreaux et douze d’entre nous sautent, par équipes de deux ou trois. »

Source : Yad Vashem